Dans le contexte actuel du Québec, la francisation des travailleurs immigrants est un enjeu central — et j’en parle justement dans mon podcast « Avec ou Sans Accent ». Lors d’un échange passionnant avec Benoît Dubreuil, commissaire à la langue française, et Marilou Jeté, agente de recherche, on s’est penchés sur un angle parfois méconnu, mais crucial : la francisation en entreprise.
Il faut d’abord comprendre que cette forme de francisation est bien différente de celle offerte dans les cours de français langue seconde. Ici, l’apprentissage se fait pendant les heures de travail, à l’initiative de l’employeur. C’est une approche intéressante, parce qu’elle permet aux travailleurs d’apprendre dans un contexte qui leur est familier, mais elle vient aussi avec son lot de défis — notamment sur le plan des ressources et de l’intensité des cours.
C’est d’ailleurs un des points qui ressort de nos échanges : la faible intensité des cours, souvent limités à quelques heures par semaine, ne permet pas d’atteindre un niveau suffisant pour évoluer avec aisance dans un environnement francophone. Plusieurs travailleurs finissent même par cumuler les cours en entreprise avec des cours généraux, pour combler les lacunes. Ça montre clairement qu’une réforme des programmes actuels est nécessaire.
Mais ce n’est pas qu’une question d’heures ou de contenu. Pour que la francisation fonctionne vraiment, il faut créer un environnement de travail favorable à l’apprentissage. Et ça passe par une collaboration étroite avec les entreprises : offrir des cours mieux adaptés, favoriser les interactions avec les collègues francophones, et surtout, instaurer un climat positif où l’erreur est permise, où l’on valorise les efforts.
Parce qu’au fond, apprendre une langue, c’est bien plus qu’une compétence. C’est aussi un moyen de s’intégrer pleinement à la société québécoise, autant sur le plan professionnel que social.
Et pour que cette intégration soit réussie, chaque acteur a un rôle à jouer : les employeurs, les travailleurs, le gouvernement. Il faut une communication claire des attentes, un soutien adéquat et surtout, une vision commune. Comme le disent si bien mes invités, la francisation ne doit pas être vue comme une formalité à cocher, mais bien comme un investissement dans notre avenir collectif, culturel et économique.