Une conférence n’est pas un monologue : c’est un moment d’apprentissage partagé

06 Oct 2025

Récemment, j’ai eu le bonheur d’animer une conférence devant une centaine d’enseignantes et d’enseignants -en présentiel et à distance- en collaboration avec le CSS des Hautes-Rivières, en Montérégie. Un moment intense, vivant, qui m’a rappelé à quel point j’aime transmettre et échanger. Surtout lorsque c’est en présentiel, lorsqu’on peut ressentir l’énergie du groupe, voir les gens pour vrai, échanger avec eux avant ou après. 

Pour moi, une conférence n’est pas un monologue. C’est un peu comme une classe, mais en plus grand : on partage des idées, on s’écoute, on construit ensemble. Hier encore, les regards, les questions, les anecdotes sont venus enrichir mon propos. Plusieurs exercices pratiques aussi. 

Avez-vous déjà fait de la résolution de problème en turc? C’était drôle de voir des profs de math se mettre dans la peau d’apprenants qui ne comprennent pas et démontrer que ce n’est pas parce qu’on ne parle pas une langue qu’on ne comprend rien. Ces interactions donnent du sens à mon travail et me nourrissent tout autant que les participantes et participants.

Nous avons parlé de sujets très concrets : comment soutenir les élèves en classe d’accueil et en classe régulière, comment différencier l’enseignement sans se surcharger, comment bâtir sur les acquis pour favoriser la réussite. Et j’ai vu des yeux briller, des mains se lever, des enseignants repartir avec des pistes à mettre en pratique dès aujourd’hui.

Cette expérience m’a aussi rappelé pourquoi je crois tant à la formation continue et à la vulgarisation scientifique. L’apprentissage ne se fait pas seulement entre les murs d’une université. De plus en plus, on apprend autrement : dans les balados, les MOOC, les livres, sur le terrain. Et je pense même que c’est en arrivant sur le terrain que les nouveaux enseignants apprennent le plus. Quand on a enfin « les mains dans la pâte », on comprend ce qu’on a lu et appris théoriquement.

Enseigner à des enfants ou des adolescents issus de l’immigration n’est plus une réalité confinée à quelques grandes villes. L’immigration, qu’elle soit temporaire ou permanente, s’installe aujourd’hui dans tous les coins du Québec. Je me souviens d’une étudiante, il y a trois ou quatre ans à l’université, qui m’avait dit qu’elle retournerait vivre en région et que « ça ne la concernerait pas, parce qu’il n’y avait pas d’immigrants dans son coin». Pourtant, à une époque où plus de 40 % de l’immigration ne s’installe plus uniquement sur l’île de Montréal, il devient indispensable que tous les enseignants formés pour le réseau régulier s’initient aussi aux approches de l’enseignement du français langue seconde et aux réalités interculturelles.

Dans les prochains mois, j’aurai la chance de donner plusieurs formations chez Fino. Ces moments me confirment que c’est exactement là où je veux être : créer des espaces où on se sent libre de poser des questions, de partager, de repartir avec des outils et, surtout, de l’inspiration.

Mon objectif, à travers mes conférences et mes formations, est clair : multiplier ces rencontres où l’on transmet, échange et co-construit autour du français, de l’intégration et de l’enseignement. Amener la recherche et le terrain à dialoguer. Offrir à la fois du concret et du sens.

Je me vois poursuivre et amplifier ce travail dans les années à venir, auprès de publics variés et dans différents contextes. Parce que plus on ouvre ces espaces, plus on donne des chances à la langue française, à l’intégration et à l’éducation de rayonner. Aux élèves issus de l’immigration de vivre plus de réussites, de vouloir ajouter l’identité québécoise à la leur.

Merci à toutes et à tous pour vos questions, votre curiosité et votre engagement. C’est grâce à vous que ces moments sont possibles.

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